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Jour 1

Après une inspection du chargement des sacoches… feu, c’est le départ! Je ne vous cache pas qu’une certaine excitation me prend les tripes. Il est 7 heures. Destination pour aujourd’hui: le camping de Jargeau et 125 km à parcourir. Après quelques minutes à pédaler, pas loin dans les champs, des chevreuils m’observent; je ralentis pour m’imprégner de cette image superbe avec le leverdu soleil orangé. J’ai choisi des petites routes au calme qui défilent sur ma carte routière exposée sur ma sacoche au guidon de mon vélo. Le parfum du lavandin me ravit car autour de moi de grands champs mauves s’étendentet abritent une multitude de lapins qui s’enfuient à mon passage; le vent ne m’est pas favorable et demande un coup de pédale plus prononcé. Après un pique-nique pris au sortir de la Beauce, la Sologne m’offre laforêt, à l’ombre au frais où je me sens surveillée par la faune que je ne vois pas. Enfin, la traversée du canal d’Orléans, la Loire avec unciel très lumineux et Jargeau… Je félicite Caroline (mon vélo) pour sa bonne tenue sur la route et lui enlève les 4 sacoches qui soulagent les pneus!

Jour 2

Petite étape de 70 km tout en suivant la Loire jusqu’à Gien. Les arrêts sont fréquents pour prendre des photos.

Le paysage est coloré ; les silhouettes des cormorans, des hérons, des aigrettes et des cygnes… se reflètent dans l’eau du fleuve. Je ne suis plus seule sur la voie verte qui est fréquentée par des voyageurs (ses) plus chargés que moi, c’est dire ! Nous échangeons nos impressions ; mon anglais est un peu rudimentaire, mais nous nous comprenons.

Jour 3

Destination Bannay, près de Cosne-sur-Loire soit 70 km ; après-demain, un challenge régional est proposé auquel j’aimerai participer. Je m’approche de Boulleret (village organisateur) perché sur une colline : ça promet ! En arrivant au camping, quelques caravaniers me reconnaissent et me questionnent à tours de bras : oui, je suis partie de chez moi ; oui, je suis seule ; oui, j’ai ma toile de tente sur mon vélo ; quel poids fait ton vélo ? Là je réponds : un certain poids comme disait un célèbre Fernand. Pour vérifier cela, une visite de mon installation s’impose ! Une bonne lessive va me prendre un fil à linge de 5 mètres ; heureusement les troncs des arbres sont forts !

Jour 4

Ce matin, pas de démontage de toile, je reste sur place 3 jours. Petite mise en jambes de 55 km, décidée avec les amis du camping pour découvrir le paysage ondulé… jusqu’à Pouilly-sur-Loire. C’est jour du marché ; il est facile de composer le déjeuner pris plus loin, au bord d’une mare, au soleil ; chacun raconte ses anecdotes dans une ambiance où les éclats de rires effraient les grenouilles…

Jour 5

Comme à tout challenge, un circuit découverte de 45 km est programmé. Le circuit est court mais un vent à « décorner les bœufs » ne nous facilite pas le coup de pédale, à cela s’ajoutent quelques côtes à monter et à boire… car nous sommes près de Sancerre!

Jour 6

Beaucoup de cyclos s’empressent sur le lieu du départ. Avec les campeurs, nous nous répartissons sur les circuits proposés et je choisis de rester avec un petit nombre pour une virée de 65 km avec un dénivelé qui change de la Beauce. Très vite Sancerre s’impose à nous avec ses vignes à flan de côteaux ; des paysages somptueux. Nous remplissons nos bidons souvent car la chaleur nous dessèche le corps. Après les p’tits discours et remise de coupes, retour au camping où une colonie d’ados anglais s’est installée près de ma toile de tente. Le calme n’est peut-être pas pour cette nuit. Je suis une « mauvaise langue » car tout s’est super bien passé ; les ados anglais sont respectueux !

Jour 7

Dès le réveil, des nuages menacent. Je décide d’aller à Saint-Satur, tout proche, où j’ai remarqué la veille, une cité calme pour y faire des photos. Au loin, un rideau de pluie enveloppe Sancerre et vient droit vers moi. Une passerelle m’abrite juste à temps, j’en profite pour pique-niquer. Un arc-en-ciel s’est formé et pique le sommet de Sancerre. C’est superbe ! Retour au camping bien sèche !

Jour 8

Petit déjeuner à 7 heures car je dois plier et charger les sacoches sur Caroline. Un au revoir aux cyclos du camping qui s’étonnent de l’étape annoncée, mais le retour est amorcé pour Gien ; une petite étape car je veux savourer les bords de Loire. Et j’ai bien fait car plus loin, à 50 m devant moi, une chevrette traverse la piste cyclable et s’arrête au milieu pour me regarder ; je fais de même, je m’arrête sans faire pleurer les patins de freins et nous nous regardons «le blanc des yeux» jusqu’à ce qu’elle prenne la décision de regagner le champ de maïs de l’autre côté de la piste. Quel bonheur ! Je n’ai pas osé saisir ce moment avec mon appareil photo logé au fond de ma sacoche de guidon. Devant moi : Briare. Près du pont canal, je rejoins six cyclos groupés sous un gros marronnier pour éviter une bonne averse ; nous échangeons beaucoup sur notre voyage. La voie verte est balisée par des rivets dorés avec le kilométrage parcouru depuis la source de la Loire ; en souvenir, je photographie le kilomètre correspondant à mon année de naissance ; je ne vous dirai pas lequel… J’arrive au camping, à Gien après 55 km. Je vide les sacoches et monte la toile. En suivant la Loire, je me promène jusqu’au coucher du soleil ; à photographier.

Jour 9

Réveillée par un rouge-gorge perché tout près de ma toile, je fais chauffer le café que je partage avec ma voisine qui, elle, va rejoindre Gien et moi, Jargeau toujours en suivant la Loire. Arrivée à Sully-sur-Loire, je décide de déjeuner dans le parc du château, une salle à manger royale ! Bercée par le champ des oiseaux, une sieste m’emporte un cours instant… J’arrive tôt à Jargeau pour monter la tente, faire les courses et flâner au bord du fleuve. Je rencontre une promeneuse qui me dit : « si vous êtes patiente et silencieuse, vous pourrez voir des castors ici » et je vais les observer jusqu’au soleil couchant…

Jour 10

Cette fois, c’est une pie qui me réveille en sursaut ! Il est 6 heures 30 ; je ne tarde pas car aujourd’hui, une longue et dernière étape m’attend : 120 km. Il est 8 heures quand je traverse la ville et m’éloigne de la Loire. Un vent déjà fort me pousse ; je consulte ma carte et me dit qu’il pourrait m’aider toute la journée s’il ne change pas de direction ! A Neuville aux Bois, je fais tamponner ma carte de voyage itinérant (comme chaque jour) et en profite pour préparer mon pique-nique pris à l’ombre d’une allée de tilleuls. Le paysage ondule sous la chaleur ; le vent m’aide un peu, heureusement. Je n’ai rien pour me mettre à l’ombre, le paysage est vidé de ses arbres : la

Beauce. Les bidons se vident très vite. 120 km pour 4 litres…d’eau bien-sûr!

Le voyage prend fin après 700 km et plein de joie, de rencontres, d’échanges… Déjà le prochain prend forme dans ma tête.

Monique (les cyclos de Saint-Georges 28)

Juin-juillet 2023

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